groupe du 3 mai...


Je rattrape le retard.

La représentation de l'action est chronophage.
Mais nécessaire.

La première phase d'écriture de cette action était sous contrainte.
Un photographe, travaillant pour l'Europe, avait détourné l'action en annonçant son intention et sa fonction.
Un autre monsieur a regardé toute la scéance d'écriture, en prenant soin de ne pas apparaitre sur les photos...
Distant, observateur... Il n'a laissé aucun renseignement généreux sur sa personne.

Les commandos débutaient toujours par un flottement. Une indécision. Et le refus de jouer le rôle de chef. Le groupe devant de lui-même se former, à voix égales, dans l'instant même de l'action et de son évolution. Un "être-là". Pour un "agir ensemble".

Cette photo là fut prise par un ancien membre du commando du 1er avril.

Très peu de photos des actions furent prises par moi, on ne peut être pleinement dans l'action et dans la trace...

Par retour interposé...


Image de l'ultime commando. Vu par autrui.
(Polaroïd, Coll. particulière, avril 2009)

autre liens...



La cagoule est un pré-texte. Occulter pour parler d'autre chose. Un déplacement.
Sur la table, dans l'atelier, un livre ouvert. Pléiade de Mallarmé.
Ouvert sur une page de "Jamais un coup de dés n'abolira le Hasard"
Sur le mur, une question posée sur un post-it:
"L'écrivain est il, par essence, mal armé?"
Et, dans le fouillis du bureau, un portrtait de Stéphane Mallarmé.


Le Dymo, posé près des Lettres de Mon Moulin, rejoignaient ce courant de pensée. Avec sa forme de flinguot, il est ce qui ressemble le plus à une arme de lettré. N'empêche qu'il ne tire pas de plomb. Aucun risque de casse.
L'homme de lettre est mal armé.

Mallarmé lui est le premier à éclater l'espace de la page et à écrire par delà l'abyme de la tranche, le mur du milieu est tombé. Le premier "terroriste" à exploser l'espace du livre.

Ci-dessous un blind test. L'auteur de l'oeuvre à retrouver. L'oeuvre date de 1969. Belgitude transpirante... Ce n'est pas du Peter Downsborough. Celui qui trouve gagne un livre.

En tout cas, là aussi, l'occultation déplace le point de vue pour mettre en valeur autre chose.

Et si...



Je me souviens d'un tag encore visible sur une persienne blanche (une couche seulement par la brigade anti-tag laisse les lettres rouges transparaitre).
Je me souviens de ce tag "On se souvient".
Je l'ai dessiné dans mon carnet collectant les "marques" laissés sur les murs du quartiers. Celui-ci n'est pas un tag/signature. Il est lié au lieu. Quelqu'un qui se souvient, d'une chose. Là. A cet endroit précis. Et qui n'est plus.

Un vieux monsieur, croisé hier, après le bonjour habituel m'a dit... "Tiens au fait je l'ai retrouvé l'article..."
On en avait parlé une fois. Et lui avait fouillé ses archives pour me retrouver cet article de la Voix du Nord.
Le dessin de la persienne taguée était présent dans l'expo à Moulins, au milieu d'une affiche en 8 parties avec toutes les anciennes enseignes du quartier réalisé sur l'offset de Jean Jacques.
La persienne dessinée était pour moi un point de départ d'une ligne de sens s'étirant à travers l'atelier clandestin.

L'exposition est juste finie, démonté, des caisses encore trainent dans le coulor et je n'ai ces informations que maintenant, un peu trop tard.
Et pourtant, aisément, cet article je le place dans les "éléments fondateurs" de Diction Directe. A coté de Gainsbourg/Moulins, l'exposition précédant la mienne et qui occupait le lieu quand je l'ai visité pour imaginer ma propre exposition à lier soit avec Berlin, soit avec Istanbul. Très vite le lien se fait: Berlin. Et l'option cagoulée. Gainsbourg, le clan, le clan des cagoules, let's baby be cool... "Aux armes et caetera..." et sans également ce lien, qu'est ce qui, dans mon quotidien relie à Wazemmes à Berlin... réponse: ce tag, croisé tous les jours.

J'ai également, par jeu, très vite reproduit une toponymie personelle: quand je partais en vélo de Wazemmes vers Moulins, j'allais travailler à l'Est, le soir je rentrais à l'Ouest. Le Mur étant pour moi le Boulevard Victor Hugo. Signifiante tranchée. Bouche d'ombre.

je me suis souvent demandé qui avait pu sortir, un soir, une bombe rouge à la main et écrire ces quelques mots, comme écrit à ceux qui savent, ceux qui savaient : "on se souvient"
Pas de message.
Pas de signatures.
Rien de politique. Juste ça:
"On se souvient"

Une variante du "Remember me!". D'autres fantômes.
"On".
Qui "On"?
Des amis. Des Camarades?

Je viens d'apprendre une chose. Via internet.
Que ce couple de retraité vient d'être à nouveau incarcéré, en 2007, à Fresnes. Ils furent donc, à un moment, libérés.
Le tag n'a plus la même valeur pour moi. Les mots restent les mêmes mais le sens autour vient de changer:

"On se souvient"

Maintenant je les vois, un soir, la bombe à la main.
Revenir ici. Sur leur lieu de vie.
Et écrire ces mots.
Sur la persienne.
Lui et elle.
"On"




Je viens de retrouver une photo prise dans l'expo de l'affiche portant le dessin de la persienne taguée. Le sens également vient de se modifier. De par ces contenus nouveaux qui s'y immisce. De par le cadrage de la photo également. (Et cette question du moment du déclic, de la capture d'image, d'un sens attrapé dans la composition même de l'image, dans cet instant photographique de saississement... "CLIC", pourquoi ce cadre là l'a-t-il emporté sur les autres?).



Le sens vient de changer et les éléments se chargent, individuellement, et communiquent. Le tampon des mariés en habit datés vient d'être baptisé, lui, Werner Rapaport... elle, Lina Lange... "On..."
Le "Z" griffoné au dessus: une des lettres de "wazemmes", ( il y a une lettre par affiche, et les affiches réunies reconstituent le mot complet), ce "Z" fait maintenant écho avec le "z" des "RZ", abbréviation de "Revolutionare Zellen" (Cellules Révolutionnaires).

Et par un léger glissement ce "Z" se charge instantanément d'un autre "Z". Celui de Costa-Gravas.
Et dans un deuxième temps, un baton est placé dans cette ouverture:
"c'est la cristallisAAAAtion.... comme dit Stendhal":

"Z"
Deux Oscars en 70. Année de naissance. Bain culturel. Je n'ai aucun souvenir du film. L'ai-je vu? Il serait temps de le revoir. (Avec une vision formatée par cette série sémantique croisée). En grec, « Ζ » (zêta) peut se lire comme l'initiale de « ζει / zi », qui signifie « il vit » ou « il est vivant ». C'était la lettre que les opposants inscrivaient sur les murs pour protester contre l'assassinat du député. Tag; "On se souvient". Pratique commune. Marquer l'Espace d'une Histoire (cf "Vols de flamands roses" 1998).

Au tout début du film on peut lire : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE ». La fiction comme interrogation du réel. Mise côte à côte. VOLONTAIREMENT.

La musique de ce film a été composée par le compositeur grec Mikis Theodorakis. En réponse à Costa-Gavras, qui lui fit demander durant sa détention pendant la dictature des colonels, d'écrire la musique de son film, il lui fit passer ce mot : « Prends ce que tu veux dans mon œuvre. ».
Musique non originale : Psyche Rock, co-écrit par Pierre Henry et Michel Colombier pour Maurice Bejart et son ballet Messe pour le Temps Présent.
Les bandes magnétiques exposées dans l'exposition sur le vieux magnétophone à bandes sont celles écoutées durant mon enfance, je n'ai de souvenir précis que de la messe du temps présent de Pierre Henry, passant en boucle.
Je dois aussi avoir quelque part le 45 tours de "Z". Un classique sur braderie.

Wikipédia est formel:
"Nous sommes à la fin des années 1960, grande époque des films politiques où l’on dénonce le totalitarisme sous toutes ses formes. On considère alors que tous les rouages de l’appareil régnant sont corrompus de haut en bas, du plus riche au plus pauvre... Malgré la normalisation finale du récit, Z reste le symbole de la déstabilisation que l’on peut faire subir à un ordre établi mais contesté."

Ordre établi. Celui du sens. Commun. Doxa.
Chemins de traverses dans la création du sens. Chemin détourné. Pas de sens direct. Idéologie des liens préconstruits tout de suite évoqués et primant dans l'association et la création du sens. Les sens directs et communs impliquent une certaine idée de l'oeillère. Le jeu, celui d'un certain décallage, refusant les chemins de l'éfficacité première de l'image associée, est celui de l'anamorphose. Du pas de coté. Havre des pas.
Et d'un temps pris. Attentif.
Pour voir autrement.

Un autre lien se fait par l'association de deux images, tirées chacune d'un film de Costa-Gravas, et réunies sur la même Vidéo Cassette:



"A"
Présent dans l'expo. La lettre écarlate. Hawthorne.
"Z"

Game over pour aujourd'hui. Je cherche ces tourbillons de sens. Le moment où la trappe cède sous les pieds pour une floraison de connexions. Produisant une expansion. Comme une justification. Du sens.
Et par là-même, un lien au monde.

A l'image d'une anémone ouvrant ses branchies pour filtrer le plancton, puis se refermant...
Ou d'une balane, incrustée sur le rocher, à marée haute immergée. Un temps.
Coquille, centrale immobile. Cratère minéral d'où éruptent les cirres. Filtrant les organismes en suspension.
En aucun cas prédateurs. Le nom est "suspensivore". Se nourrissant par filtration du monde qui les entoure.
A marrée haute. Altitude zéro.
La fixité se nourrit de la vague, la filtre pour augmenter ses concrétions calcaires. Sa coquille. Sa carapace.

Niveau zéro de l'écriture. Le suspensivore se nourrit d'une intuition, d'un sentiment attrapé dans l'autour que quelquechose est en train de se passer. Et va vers sa résolution. L'immanence d'un certain suspens.



à suivre...

L'entre scène...

Aujourd'hui, jour de printemps tardif, soleil occulté par des nuages, vents froids, on est dans le printemps nominativement mais le froid est d'une autre saison, cela joue-t-il sur mes pensées?
Je repense à l'exposition (qui jamais ne se clôture avec la fin programmée, et débute toujours bien avant le vernsissage ou même l'installation...) Ce lieu de discours est étrange avec sa part d'occultation ( le clan des cagoules, le parti pris d'occulter l'individu pour dire une chose le dépassant...) mais une fois dans l'atelier (présenté comme "clandestin") là je m'y expose.
A moitié.
Doucement.
Posant des signes.
Jouant avec des indices, qui un à un, ouvre un chemin vers une grille.
De lecture.

Entre diction et action. L'action est effective mais séjourne néanmoins dans la réprésentation. Vidéo #1 (Pré-test): un groupe armé de lettres se prépare à l'action, agissent pour au final écrire "Boum". L'action est effectuée. Mais le résultat n'est pas une explosion. Pas réelle. Mais son image.
J'aime à penser que le lieu touché, à travers cette action, est purement un lieu d'EXPOSITION. Je m'expose. Je m'y expose. Simplement parce que je m'y représente, sans intervenir sur le réél vraiment (les éléments posés restent en place et ne sont en aucun cas modifiés après l'action, à la différence du Tag ou Graff je récupère les lettres après... aucune trace d'intervention liée au passage dans le réel, pas de papiers de bonbons laissés, salle d'expo vidée, espace vierge rendu...), seul des carnets se sont chargés de ce passage, des carnets et des mémoires.

Je ne suis plus dans un rapport direct à "l'autre scène", travaillant plutôt "l'entre-scènes", qui quoi qu'il en est reste dans tous les cas une "autre" scène. Mais moins localisée. Moins externalisée. Pas de tableau. Pas d'image. Pas de planches de théâtre... Je ne pose pas un leiu en bout de piste (ça ce serait "l'autre scène") mais le mouvement entre un point et un autre. C'est ce mouvement qui devient "spectacle". Je travaille non pas sur la présentation d'"objets", mais sur l'espace entre chacun et son chargement de sens invisibles, lisibles, invus, obvies ou obtus.

Deux fantomes viennent d'émerger sur les remparts de ma pensée... "Remember me!"
L'un s'est fait renversé par une camionette de blanchisseur.
L'autre a fait le saut dans le vide. Et par ce biais aussi, l'a exposé.

La cagoule représente l'occultation pour une intervention dans l'espace public, temps limité, actions réglementées, mots réduits: on est dans le peu, dans une communication visant la compréhension immédiate (publicité avec un référent clair et commun). Obligation de se réduire.

Se réduire: premier pas dans la fiction de soi.
Toute écriture débute avec une paire de ciseaux.

Cut-up.
Cut up yourself.

L'atelier est un premier pas vers l'intime, à travers les traces laissées de l'action préparée, là visibles sur le bureau, les éléments sont là, épars, le travail d'ecriture est lointain puisque la narration n'est pas inscrite, linéairement dans l'espace, les liens entre chaque objet sont à reconstruire par le lecteur. Je n'ai rien écrit. Juste positionner les éléments. Théorie des particules.
Le lecteur agglomère les particules. Vise la molécule. L'orbite des électrons agités par l'esprit du lecteur rencontre d'autres champs d'électrons proches par le sens, pas obligatoirement l'espace: un molécule composée de ces éléments à énérgie commune est fabriquée.

L'antichambre derrière l'atelier (l'arrière cuisine) avec la biographie, des éléments choisis de la vie de l'auteur, fournissent la matière à la construction d'un personnage. Biaisé. Ici l'optique biographique est celle d'une relecture de ma propre vie avec l'oeil avisé d'un lecteur à la recherche de renseignements généreux, une grille de lecture tronqué: le but étant de trouver dans mon passé tout ce qui pourrait "faire preuve". Une photo de moi au Kurdistan avec la kalashnikov. Un sac de berger crétois exposé, présent sur la phot, preuve matérielle en ma possession justifiant l'image. Vieux pochoirs. Un article de Nord Eclair sur l'attentat poétique du 11 septembre 2003 me décrivant comme une "sorte de Ben Laden Local". 2 ans en Irlande, dans le Connémara, près des camps d'entrainement de l'IRA... Une photo de moi jeune avec le portrait de Mao derrière moi (environnement familial comme justification) plus une cassette d'un tribunal populaire des houillères en 70 où mon grand-père à côté de Jean Paul Sartre intervient à la tribune pour témoigner de sa silicose.
Un dessin de moi, exécuté à 6 ans (le dessin, pas moi), représentant un homme masqué portant un baton de dynamite. Tout est là déjà. Les cagoules. Le "boum". Comme pour justifier les lois de pistage dès la maternelle.
Et donner un tour d'écrou supplmémentaire: sur la ceinture du personnage on lit un "Z".
"Z" comme "zorro".
Plus haut un dessin de Robin des bois, et le Roi Jean, des sacs d'or pleins les mains. Le Roi Jean comme représentant du Monde de la Finance. Robin des bois, la personification de la justice sociale.

"Remember me!"

"Something is rotten in the state of Denmark"
Là je suis dans l'autre scène, celle d'Elseneur.

Remonter à la source. Zorro. Robin. Figures littéraires pemettant la reconaissance des penchants. La littérature comme petit pont vers le réél. Ingérence. "Les aventures de Robin des Bois" au même titre que "L'insurection qui vient" est une "autre scène" agissant comme un espace d'expositon ET de construction de l'individu. Dessiner Robin des bois ou Zorro a 6 ans, c'est s'exposer. Nous sommes là, bien entendu, en présence d'un enfant aux penchants "ultra-gauchiste-anarcho-autonome".

Stigmatisation.
(Reduction entamée. Création littéraire d'un personnage. D'un groupe homogène. Un entité réduite par un signe de reconnaissance: la plaie. Les marques. )

Quand commence-t-on à stigmatiser, quand s'applique la pratique de la réduction, la fermeture de toute ouverture, la chose réduite est réduite, ne reste pas ouverte, un blocage empêche la suite de la construction...

Le cartel au bas du tableau venait subitement de clore ma perception sensible du tableau, j'avais le nom du peinture. la référence. J'avais...

La main mise.

Midas.